A l’amont immédiat de Vaison-la-Romaine, là où les pluies sont les plus fortes, les rivières de l’Ayguemarse, du Groseau et du Lauzon gonflent brutalement et convergent en furie vers l’Ouvèze déjà haute. Traversée de part en part par l’Ouvèze, la cité antique est implantée sur deux éperons rocheux. Elle forme à cet endroit un verrou hydraulique qui agit comme un entonnoir pour la rivière de l’Ouvèze. Les eaux s’engouffrent jusqu’au pont romain où l’Ouvèze monte rapidement de 1 mètre toutes les 10 minutes.
Peu à peu, les eaux boueuses et torrentielles déferlent à travers la ville. A 15h48, le pont Romain, pourtant édifié 15 mètres au-dessus du lit de la rivière, est submergé par les eaux. Le parapet du pont s’effondre. A ce moment, plus d’un million de litres transitent chaque seconde par la ville (1 000 m3/s). Les télécommunications sont rompues : Vaison-la-Romaine, battue par les flots, se retrouve livrée à elle-même.
Une crue d’une rare violence et tout aussi soudaine puisque l’Ouvèze regagne son cours habituel 4 heures après ses premiers débordements, laissant derrière elle un paysage dévasté.
Au sortir de Vaison-la-Romaine, de Roaix à Séguret, l’Ouvèze en crue emporte tout sur son passage (bâtiments, ponts, routes, vignobles…). A Violès, l’Ouvèze crée des brèches dans les digues et l’eau gagne le village avec localement des hauteurs supérieures à 2 mètres. Une partie des eaux continue de s’écouler vers la Seille pour inonder Jonquières et Courthézon avec Bédarrides en ligne de mire. Au fur et à mesure de son avancée dans la plaine, la crue perd son caractère torrentiel. Vers 18h00, à l’approche de Bédarrides, la crue diminue à 500m3/s mais l’Ouvèze déborde de nouveau : en rive gauche pour gagner Sarrians et en rive droite vers Bédarrides. La situation se complique avec les apports supplémentaires provenant de la Grande Levade et des affluents du sud-ouest du Mont-Ventoux. Bédarrides, la ville aux 7 rivières, est cernée puis envahie par les eaux, tout comme la ville de Sorgues.