Le 22 janvier 2005, la Déclaration de Hyōgo, au cours de la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles, reconnaissait « la nécessité de promouvoir à tous les niveaux, (…) une culture de la prévention des catastrophes et de la résilience face à celles-ci, ainsi que la mise en œuvre de stratégies préventives, qui représentent des investissements judicieux. Les sociétés humaines doivent apprendre à vivre avec le risque que font peser les aléas naturels ».
Dans la droite ligne de Hyōgo s’est déroulée la Conférence mondiale des Nations Unies sur la Réduction des risques à Sendai en 2015. Parmi les priorités fixées figure la compréhension des risques de catastrophes qui prévoit, entre autres, la diffusion de l’information relative aux risques.
Le constat et les priorités dressés au niveau mondial valent assurément pour le bassin versant de l’Ouvèze provençale. Au-delà des drames, des traumatismes et des dommages générés par l’inondation de l’Ouvèze le 22 septembre 1992, les personnes fréquentant la vallée à ce moment-là ignoraient ou avaient oublié que notre rivière, d’apparence si paisible, pouvait se métamorphoser en quelques heures en torrent dévastateur. Car après quatre décennies d’accalmie hydrologique (1951-1992), la mémoire locale des inondations s’était peu à peu évaporée et, par la même, notre capacité à s’adapter, à vivre et à se comporter en situation de crue.
Derrière cet oubli, c’est aussi et surtout une démarche de sensibilisation et d’acculturation aux risques d’inondation qu’il convient de développer et d’entretenir dans la durée. Car lorsqu’on habite près d’une rivière comme l’Ouvèze, il faut savoir vivre avec les inondations, et adopter les comportements adéquats en pareille situation.
La culture du risque vise à partager avec l’ensemble des acteurs d’un territoire la connaissance des risques passés, actuels et à venir afin d’anticiper et prévenir les risques. Aspect fondamental dans une démarche de gestion des risques naturels, ce levier est indispensable pour qui veut se prémunir contre les inondations.
Cette culture s’acquiert à travers la transmission et la diffusion d’un corpus de connaissance et d’information, de comportements qui s’assimilent progressivement par l’éducation, la sensibilisation, l’information préventive, la conscience et la perception du danger ou bien encore par l’entretien de la mémoire des événements passés. Avec pour objectifs d’améliorer la sécurité des personnes, de réduire les dommages et de raccourcir les délais de retour à une situation dite « normale » en cas de sinistre.
Pourtant, depuis les années 90, chaque inondation majeure, chaque catastrophe naturelle de grande ampleur se soldent inévitablement par le même constat partagé : l’absence ou les déficits en matière de culture du risque accroissent la vulnérabilité et la fragilité des populations exposées aux inondations. Et comme l’écrivait Martine Mairal, « face à la catastrophe, on a besoin de culture ».
Parce que la culture et la sensibilisation des populations aux inondations doivent permettre à chacun d’être acteur de sa propre sécurité, il convient de déployer sur le bassin versant de l’Ouvèze provençale des actions favorisant la transmission des savoirs en matière de prévention pour tendre vers l’adoption de bons comportements avant, pendant et après une inondation.
Mais l’acquisition des bons gestes, des bonnes attitudes et la modification en profondeur de nos habitudes ne s’improvisent pas. Ces connaissances et cette culture de la prévention s’assimilent progressivement et diffèrent en fonction de la perception du risque par chacun. S’adapter aux risques relève ainsi d’un processus itératif qui repose sur 4 phases :
L’enjeu consiste d’accéder à une certaine connaissance sur les inondations, en localisant les secteurs concernés, en comprenant leurs mécanismes d’apparition, les signes avant-coureurs, ses effets et conséquences possibles et surtout les comportements à adopter le cas échéant. C’est une phase nécessaire dans le processus d’acculturation du risque.
Avoir conscience du risque c’est avoir à l’esprit qu’une inondation comme celle de 1992 pourrait, un jour, se reproduire.
Accepter le risque, c’est l’appréhender à sa juste dimension, sans le sous-estimer ou le surestimer, sans le renier ou le dénier, sans peur et sans fatalisme ou catastrophisme. De manière pragmatique, c’est avoir conscience que le danger existe, qu’il peut impacter notre territoire et que nous puissions être exposés. Et que dans ce cas, il convient d’adopter les comportements nécessaires pour se prémunir contre le risque.
C’est permettre à chaque acteur d’avoir une démarche proactive vis-à-vis des inondations : se préparer, anticiper, vivre avec les inondations, avant, pendant la crise et avoir la capacité de rebondir après. S’approprier les risques c’est enfin s’adapter à éventuellement vivre l’espace d’un instant dans une situation instable où l’incertitude et l’imprévisibilité peuvent être de mise.
Développer et enraciner une culture de la prévention des inondations sur le bassin de l’Ouvèze : « Tous acteurs, tous concernés, tous responsables »
« Améliorer la prévention et l’acceptation des risques d’inondation en développant une culture du risque », tel est l’un des quatre objectifs de l’actuel Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) de l’Ouvèze provençale.
Une enquête sociologique pour appréhender la connaissance des populations sur les risques d’inondation
Parmi les actions mises en œuvre, le Syndicat Mixte de l’Ouvèze provençale a commandité une enquête sociologique auprès de l’Université d’Avignon et des pays de Vaucluse. Au total 389 personnes ont été interrogées notamment sur leur connaissance des risques, des bons gestes et réflexes à mettre en œuvre, sur les sources d’information disponibles ou bien encore sur les acteurs agissant sur le bassin versant de l’Ouvèze.
Sur la base des éléments conclusifs de l’enquête sociologique, les pistes d’amélioration suivantes ont été retenues :